mardi 2 septembre 2008

Veille d'élections


Vendredi prochain*, l'Angola vote pour les élections législatives. C'est la première fois depuis la fin de la guerre que le pays s'essaie au jeu démocratique.

Il est difficile de savoir si tout cela va bien se passer : les élections sont-elles équitables, transparentes ? En tout cas, les formes y sont mises, et même si j'entends ça et là d'inévitables rumeurs ("il y aura des émeutes !", "la guerre va reprendre !") chez de paranoïaques expatriés, ou des commentaires désabusés ("les jeux sont faits", "la fraude s'organise déjà à grande échelle") chez des Angolais, on ne peut qu'espérer que ce premier grand test soit le plus démocratique possible.

Concrétement, la campagne électorale a commencé avant que je ne parte en vacances : déjà en juin fleurissaient les casquettes, drapeaux, t-shirts aux armes du MPLA. Par une heureuse coïncidence, de nombreux travaux importants ont été accélérés pendant les deux mois de Cacimbo (éclairage public, réfection des chaussées, désengorgement - relatif - des principaux axes routiers, etc.).

Mais depuis mon retour, l'élection se manifeste spectaculairement par quantité de drapeaux des différents partis, accrochés à peu près partout.

Si je me fie au nombre des drapeaux, il semble évident que le MPLA l'emportera largement, tant la ville est couverte de rouge et noir et jaune. En deuxième position, mais bien loin derrière (quoiqu'on m'ait dit que cela dépendait des quartiers de Luanda) vient l'Unita, et enfin de discrètes et très rares affichettes ou mini-fanions portent les couleurs des autres partis (que je ne connais pas, à l'exception du FLNA).

Je n'ai, à titre personnel, pas tellement d'avis sur les candidats en lice que je ne connais pas, et comme je ne suis ni angolais ni même résident de longue date, je m'abstiendrai de tout jugement politique, mais d'un point de vue strictement esthétique, je donnerais comme tiercé gagnant à peu près ce qui risque de sortir des urnes (sauf surprise) :

- le MPLA joue la sobriété, en repenant les couleurs nationales et en remplaçant, à mon avis judicieusement, le marteau et la faucille (en réalité, le coupe-coupe et la roue crantée) par une étoile or.


- l'Unita met un coq sur son drapeau, et même si le résultat est assez discutable, j'aime bien l'idée d'un animal comme symbole - ok, j'aurais choisi personnellement le ratel comme animal-totem.


- le FLNA, enfin, joue aussi l'étoile - ce qui est bien - mais utilise, sans doute involontairement, les couleurs du Vatican - ce qui est moins bien.



Pour mémoire, trois partis angolais ont déclaré l'indépendance du pays au moment de la chute du gouvernement salazariste au Portugal : le MPLA, l'UNITA et le FLNA. La guerre civile qui a duré 30 ans les a vus s'affronter sans relâche, particulièrement les deux premiers.

Le MPLA est le parti de Dos Santos, l'actuel président d'Angola, successeur d'Agostinho Neto, père de l'indépendance. Le MPLA était historiquement très ancré à Luanda qu'il a controlé du début à la fin de la guerre. On a dit que ce parti, originairement d'obédience marxiste, et soutenu par Cuba, qu'il était aussi le parti des métis.

L'UNITA a été le grand parti d'opposition. Il était dirigé par Jonas Savimbi jusqu'à sa mort, mais un certain nombre de ses membres ont participé au gouvernement d'union nationale. L'UNITA s'est, au début du conflit, essentiellement composé de sudistes, et était soutenu par l'Afrique du Sud de l'apartheid.

Le FLNA, enfin, venait plutôt du Nord du pays - d'où le nombre important de bakongos francophones dans ses rangs - et était dirigé par Holden Roberto, soutenu par le Zaïre de Mobutu. Le FLNA, vaincu militairement, n'a, semble-t-il, que vivoté ces dernières années et son audience est pour ainsi dire nulle.

* et sinon, du coup, la vraie rentrée scolaire est repoussée, yipihii.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dîtes-donc, vous avez supprimé les commentaires les plus drôles.