jeudi 12 mars 2009
Zone
quand Gaël m'a vu en décembre et que j'achetais des romans pour finir cette année en Angola, il m'a dit, c'est Zone d'Enard que tu dois lire, c'est très gros, tu vas en avoir pour un certain temps, c'est vachement bien et c'est vrai que c'est un gros bouquin, ce qui étonne le plus c'est évidemment le petit jeu auquel je me livre, c'est à dire un texte d'une traite sans ponctuation forte, comme s'il s'agissait d'une seule phrase qui parcourait les 500 pages du livre, car Zone c'est ça une longue scansion, depuis un train italien - ce qui fait penser à la prose du transsibérien de Cendrars plutôt qu'au poème d'Apollinaire - qui évoque la vie supposée du narrateur, un jeune homme des services secrets français qui apporte une mystérieuse valise au Vatican et qui se remémore sa vie, celle d'un ancien soldat croate, ses amours, et surtout l'héritage guerrier, meurtrier de la "zone", cet espace flou qui serait celui de la Méditerranée, des massacres libanais aux viols de Bosnie, en passant par les égorgements algériens, Troie ardente, les croisades ou la bataille de Lépante, ce qui fait que Zone est à la fois très moderne (mais peut-être pas révolutionnaire, des contraintes formelles, on en a eu avant Enard, hein) et très savant, multipliant les convocations historiques, politiques et littéraires, c'est pas étonnant que Gael ait adoré, je me souviens que vers 92, un peu comme le personnage de Zone, il avait déserté la glorieuse armée française d'occupation pour partir en Bosnie faire le coup de feu, Gael était romantique, moi j'étais glandeur en Lettres Modernes, et ça m'avait absolument scié, c'était Malraux vibrant devant moi, ce con, et voilà il prend un train pour Sarajevo, via Nice, l'Italie, comme le personnage de Enard, mais arrivé à Nice, Gael qui doit avoir une correspondance ou un truc comme ça, donc du temps à tuer, décide avant d'aller affronter la kalash à la main les féroces oustachis ou les Serbes sanguinaires, donc il décide de visiter je ne sais quel château de la région, c'est bien normal, il va partir pour la guerre, il a déserté, il est recherché par toutes les polices d'Europe, voyez-vous, Gael il a lu Cendrars, Malraux, mais c'est pas un glandeur d'étudiant en Lettres qui dort toute la journée dans son appart au lieu d'aller à la Sorbonne, bref vraiment, je ne me moque pas, c'est un vrai jeune héros romantique, il va au château, dernière escapade avant la guerre, la boue, le sang, la merde, il visite un château, il grimpe sur les ruines de la vieille France, mais voilà pas qu'il se pète la gueule, il dégringole et se casse la cheville, à Nice, à des centaines de kms de Sarajevo, voilà c'est fini l'aventure bosniaque, il n'ira pas à la guerre, parce qu'il s'est pété la gueule sur les ruines d'un château niçois, c'est drôle, il me téléphone, on en rit, finalement il ira se planquer en Irlande chez Renaud, il boira des coups au lieu d'en donner, c'est pas plus mal et c'est drôle je trouve, c'est ce qui manque à Enard parfois, une forme de légereté, pas d'humour, il y en a un peu, mais du sens du grotesque, du ridicule, comme chez Flaubert qui raconte la révolution de 48 dans l'Education, il manque à Enard un Gaël qui se pète la gueule sur les ruines d'un château niçois, son roman se lit avec gourmandise mais je me demande s'il ne porte pas sur l'estomac à force, non pas à cause du sujet, évidemment Auschwitz c'est pas léger, mais peut-être parce qu'il lui manque le sens du ridicule, une touche de burlesque, mais enfin, je fais la fine bouche, c'est quand même très bien, Zone, vous pouvez l'acheter, d'ailleurs il y aurait un s final au titre, ce serait un récit de Rolin, et d'ailleurs aussi, il y a dans les remerciements finaux le nom de Deville, le mec qui a écrit Equatoria, tout se recoupe, presque un mouvement littéraire, un roman français qui a dépassé l'inhibition du Nouveau Roman, je trouve ça pas mal
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5 commentaires:
Oublie ce que je t'ai dit, en fait ça me fait chier.
De gros problèmes de ponctuation, jeune homme.
Et je ne connaissais pas cette version de l'histoire de Gaël (j'étais resté sur la désertion et le passage en Irlande). J'espère bien avoir l'occasion de la raconter devant un auditoire bien choisi.
tu ferais mieux de boire de la bière plutôt que de lire des livres.
Comme convenu nous venons de finaliser votre nouveau logo.
Vous pouvez le télécharger en cliquant sur le lien.
L'équipe logo-web
Monsieur, nous nous sommes croisés lors d'un voyage en afrique.
Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi.
mais en tout cas moi je me souviens bien de vous.
J'ai eu le malheur de passer après vous dans les toilettes du village de vacance que nous partagions.
Ce que j'y ai vu n'était pas joli joli.
Merci pour le souvenir!!!
Veuillez recevoir, rien.
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