mardi 10 mars 2009

Namibie, dernière (II)

Lüderitz

Combien d’habitants à Lüderitz ? Ca doit pas peser bien lourd. Petite ville portuaire, coincée entre le désert et la mer, entourée de brouillards que le courant de Benguela crache pour se venger du choc thermique d’avec le désert, Lüderitz a été le premier point d’ancrage des allemands en Namibie, et les bâtiments colorés et légèrement kitsch du début du XXème siècle le rappellent.

C’est Bartholomeu Diaz qui découvre la baie, en revenant du Cap. Il plante une croix pour faire genre, mais les portos se disent que c’est vraiment trop désert pour présenter le moindre intérêt, et il faut attendre quelques siècles et les schleus pour que d’autres européens se pointent vraiment (même si les norvégiens passaient parfois, pour massacrer les baleines, comme l’attestent les restes d’une station baleinière). Bref, quand Heinrich Vogelsang se pointe et qu’il achète (pour 100 £ et 200 fusils) des terres au chef des Namas du coin, celui-ci ne se méfie pas trop, sans doute trop heureux d’avoir des armes pour foutre la pâtée aux Oorlams de Jonker Afrikaner qui ont traversé la rivière Orange quelques années plus tôt, avec la ferme intention de s’installer. Et il a bien tort, parce que les allemands débarquent en masse, surtout qu’ils découvrent des diamants et c’est un peu la fête du coup : le kaiser envoie la Schutztruppe et la Namibie devient le Deutsch Süd-West Afrika.

Aujourd’hui, Lüderitz est un peu vide, un peu oubliée, même si, parait-il, le tourisme commence à venir. Ca me va bien ce semi-abandon.
On roule aussi dans la péninsule, un univers de roches et de sable, battu par les vents de l’atlantique sud, refroidi par le Benguela, réchauffé par le soleil du Namib, avec des flamants roses, des springboks, des otaries et tout plein de piafs dont j’ignore le nom. On a juste envie de rester là pour toujours, et épier les hyènes.

Oui, parce qu’il parait qu’il y a des hyènes dans ce désert de rochers et de sable. Je reviens donc la nuit dans la péninsule pour les surprendre. Evidemment, je n’y vois rien, et même, cette obscurité totale commence à me faire flipper de tomber en panne de bagnole. Je ne suis qu’à 20 ou 30 bornes de la ville, mais bon, je ne me sens pas de rentrer à pied, surtout si les hyènes invisibles décident de finalement se montrer.

Après 4 jours à Lüderitz à prendre l’air du large, côté mer et côté terre, il est temps d’aller voir les fantômes.

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