vendredi 27 mars 2009

Estudar é um dever revolucionàrio


"Textes de français, 9ième année", Ministério da Educação, Repùblica popular de Angola, est un ouvrage non-daté, mais vraisemblablement assez ancien. Le manuel ne propose pas d'appareil critique autour des textes, ni présentation, ni lexique, ni questions. Je suppose que les enseignants se débrouillent comme ils peuvent. En 4ième de couverture, une seule phrase - un mot d'ordre : "Estudar é um dever revolucionàrio".

Et l'ouvrage entier rend compte de cette logique "révolutionnaire". Il se décompose en 4 parties : I. Aspects de la vie quotidienne, II. La culture moderne et la tradition, III. La tradition orale, IV. Aspects de la lutte de Libération, V. Poésie révolutionnaire.

Malgré une petite centaine de pages, on n'y trouve finalement qu'un choix assez limité d'auteurs : quelques textes anonymes (de "Haute-Volta"), de nombreux textes de Seydou Banian, un florilège africain (Ousmane Socé, Nazi Boni, Aké Loba, David Diop - je n'en connais aucun), des poèmes d'Agostinho Neto (le père de la nation est donc traduit en français pour qu'aucun élève angolais n'y échappe), des extraits d'Amilcar Cabral (là aussi, une traduction, forcément), d'un discours de Sékou Touré (qui porte sur son soutien au MPLA) et enfin quelques textes d'auteurs français : Franz Fanon et Aimé Césaire sont largement représentés, et l'ouvrage se clôt sur deux poèmes, l'un d'Eluard et l'autre de Prévert.

C'est la première fois que je vois un manuel scolaire à ce point orienté, politiquement. Si on peut se réjouir de la prépondérance accordée à la littérature "négro-africaine", on peut quand même se poser la question de la place accordée à la littérature : pratiquement aucun "grand" auteur français (même pas Zola, qui serait pourtant entré dans la "ligne"), ni extrait de roman ni extrait de théâtre.
Le livre lui-même est tout de même très beau, avec une magnifique couverture (à qui ma photo pourrite ne rend pas justice).

3 commentaires:

Maïïîttrrre Capello a dit…

On ne peut décemment pas dans un blog d'une teeeeeeeellllllleeeee élévation d'esprit, où de surcroit viennent se promener tant et tant d'anciennes élèves en proie aux plus vifs problèmes vestimentaires (la crise, sans doute), déclarer qu'un manuel, fût-t-il orienté politiquement, comporte 4 parties et benoîtement (sans précautions), en exposer 5. Comme disait Pétrarque : "E non possibile foutare mundo". Non mais oh.

Li-An a dit…

C'est quand même plus intéressant que l'anniversaire de Paris MAtch...

La-Nus a dit…

oui c'est vrai.