Il y a 17 ans 5 mois et 14 jours, Yves Chaland mourait dans un terrible accident de voiture.
J'appris la nouvelle quelques jours après, dans la page "BD" de mon quotidien régional, pour qui, d'ailleurs l'info principale n'était pas la mort de Chaland (expédiée en une brève de quelques lignes) mais celle de Georges Dargaud.
Chaland avait été une figure emblématique de ma passion pour la bande dessinée : au tout début du Margouillat, l'équipe était clairement divisée en deux groupes. D'un côté, autour de Goho, Anpa et de Li-An, ily avait les pro-Serge Clerc, de l'autre, il y avait Mad, Serge Huo-Chao-Si et moi, ardents défenseurs de Chaland. De longues discussions ineptes éclataient régulièrement, pour savoir qui de ces figures de proue de la ligne claire était le meilleur.
Mad et moi connaissions par coeur les dialogues du Jeune Albert, nous nous enthousiasmions pour Freddy Lombard, nous vénérions Bob Fish.
Aussi, en arrivant à Paris pour nos études, notre premier grand moment de fans fut d'aller rendre visite à Yves Chaland (sous le fallacieux prétexte de lui offrir des "Cri du Margouillat"). Il habitait alors à Strasbourg-Saint-Denis (ne me demandez pas comment nous avions eu son adresse). C'était l'hiver, il pleuvait, nous sommes montés jusqu'à son étage. Il nous a ouvert, un peu étonné. Nous sommes entrés dans le hall de l'appartement. Nous avons bredouillé quelques mots d'admirateurs transis. Il nous a regardé bizarrement, il a dit : "Je suis en plein déménagement, je ne vous rasseois pas.", nous a accompagné sur le perron, et a fermé la porte derrière nous.
Notre rencontre avec le Maître avait duré 3 minutes, tout au plus, et on s'était salement fait jeter.
Croyez-moi ou pas, ça n'a pas entamé d'un iota notre adoration pour son oeuvre. D'autant que quelques mois plus tard, Michel Faure l'ayant rencontré, nous dit qu'il avait été ravi de notre passage éclair, et qu'il nous remerciait pour les fanzines.
Aussi, en arrivant à Paris pour nos études, notre premier grand moment de fans fut d'aller rendre visite à Yves Chaland (sous le fallacieux prétexte de lui offrir des "Cri du Margouillat"). Il habitait alors à Strasbourg-Saint-Denis (ne me demandez pas comment nous avions eu son adresse). C'était l'hiver, il pleuvait, nous sommes montés jusqu'à son étage. Il nous a ouvert, un peu étonné. Nous sommes entrés dans le hall de l'appartement. Nous avons bredouillé quelques mots d'admirateurs transis. Il nous a regardé bizarrement, il a dit : "Je suis en plein déménagement, je ne vous rasseois pas.", nous a accompagné sur le perron, et a fermé la porte derrière nous.
Notre rencontre avec le Maître avait duré 3 minutes, tout au plus, et on s'était salement fait jeter.
Croyez-moi ou pas, ça n'a pas entamé d'un iota notre adoration pour son oeuvre. D'autant que quelques mois plus tard, Michel Faure l'ayant rencontré, nous dit qu'il avait été ravi de notre passage éclair, et qu'il nous remerciait pour les fanzines.
Oui, ok, j'aurais pu essayer de dire pourquoi Chaland est un immense auteur de bd, expliquer son influence déterminante sur la Bande Dessinée, montrer que "La Comête de Carthage" est un petit chef d'oeuvre, mais ça demandait un vrai travail, et puis il y a sans doute plein de gens compétents pour le faire.
Je préfère l'anecdote un peu merdique de ma rencontre avec lui.
Je préfère l'anecdote un peu merdique de ma rencontre avec lui.
24 commentaires:
je t'ai menti.
Pourquoi ne pas raconter notre renconttre.
Le roi de la ligne claire c'est moi.
Nein, c'est moi. La ligne claire ça ne veut rien dire.
Ce qui est intéressant c'est de pervertir le style.
Je dirai même plus, le tordre.
Je dirai même plus, le tordre.
Merci du tuyau les gars...
Je suis au dessus de la BD, je suis le peintre de la ligne claire.
Faux frère!
Que passa?
On peut faire le ligne claire avec sa merde.
Vive la ligne claire libre.
ça manque de clarté tout ça.
La ligne claire c'est moi, c'est clair.
moi , je trouve l'histoire de votre rencontre tres interessante ça nous permet aussi a nous , vos fans,d'en savoir un peu plus sur votre vie...bravo ! au moins vous avez eu le courage d'aller le trouver moi je l'aurais jamais eu...
Salut Appolllo,
une bien belle histoire en vérité ....je me suis permis de poster ton histoire ici .... si ça ne te plait pas tu dis et je retire !
http://oeuvreseverin.forumculture.net/parlons-d-yves-chaland-f33/yves-chaland-hommages-t206-50.htm#bottom
à bientôt peux être .... lian est passé aussi par là ....
Marrant, ça me rappelle que je m'étais fait "jeter" par Chaland lors d'une séance de dédicaces, car, après avoir attendu de longues heures je lui avais naïvement demandé s'il pouvait me faire un dessin dans les 2 albums que je venais d'acheter : un pour moi et un pour un ami qui n'avait pas pu venir ... C'est vrai que la file d'attente était assez longue. Sur le moment j'avais été très blessé. (se faire jeter par son idole ...) En plus, il avait peut-être pensé que je comptais revendre le dessin ...
Quand je pense que maintenant, dans les festivals de BD je fais la queue derrière des files de sac à dos, que les types demandent de signer des dizaines de bouquins (authentique, je l'ai vu faire devant moi !), font signer des livres d'or sans avoir jamais lu la BD, revendent le lendemain leur dédicace sur e-bay ...
Mais ceci dit, mon admiration pour Yves Chaland est bien évidemment également restée intacte.
...
Sinon, pour le Margouillat, je pense que j'aurais fait un 3e groupe avec les indécis !
Je me souviens également avoir appris sa disparition en tombant sur un petit article de "Libération" que j'avais acheté par hasard ce jour là. Je n'en revenais pas, je me disais : "Ce n'est pas possible, ce doit être un homonyme !!! " ...
Mais non ...
Tant mieux pour son homonyme ...
J'ai moi même rencontré Chaland en 1987 par hasard dans une librairie à St Michel. Je suis tombée amoureuse de lui en un éclair et je lui ai proposé d'aller boire un café. Il a refusé en me disant qu'il était pressé, mais comme je continuais à le dévorer des yeux du fond de la librairie, cachée derrière une pile de bouquin, j'ai réalisé qu'il n'avait aucune intention de quitter les lieux de sitôt car il était lancé dans une grande discussion avec Jean Pierre Dionnet. Quand, dépitée, je suis sortie du magasin, Dionnet m'a lancé une bande dessinée au visage et toute la boutique a ri aux éclats quand, sous le choc, j'ai buté contre la porte et que je suis tombée en avant montrant mes fesses à tout le monde puisque ce jour là, ayant eu une aventure avec un garçon de café dans les toilettes, j'avais perdu ma culotte. Je suis partie rouge de honte et humiliée et me suis juré de ne plus jamais pénétrer dans une boutique de BD. Les dessinateurs de bande dessinée sont des êtres cruels et machos, c'est tout ce que j'avais à dire.
moi non plus j'aurais pas eu le courage d'aller le rencontrer comme je n'aurais jamais le courage de venir vous voir, appollo, dommage pour moi...
nadja
moi, j'ai vu les fesses de robert crumb!
Quel humour, c'est irrésistible
La Comète de Carthage, quelle merveille. Le seul dessinateur qui me fait visiter ebay...
Autrement Clerc parle beaucoup de Chaland dans Le Journal (l'histoire de Métal Hurlant) qui sort chez Denöel Graphic le mois prochain.
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masimundus semikonecolori
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