samedi 8 décembre 2007

Lire Leiris


J'ai fini la première partie de "L'Afrique fantôme" de Leiris.
Je n'avais jamais lu Leiris directement, et je n'ai acheté ce journal de bord de l'expédition Sénégal-Soudan que pour compléter ce qui me semblait constituer une trilogie africaine des années 20-30, avec "Terre d'ébène" d'Albert Londres et "Voyage au Congo" d'André Gide.

Le livre traînait depuis plusieurs mois dans la pile des bouquins-qu'il-faut-que-je-lise, sans provoquer chez moi plus d'excitation que ça. Il faut dire que je trainasse toujours sur les journaux de bord, je les trouve toujours longs et un peu répétitifs. Et puis, le Londres m'avait un peu déçu (j'en attendais sans doute trop, une sorte de brûlot anti-colonial), Gide m'avait bien plus intéressé (quoique je crois n'être pas arrivé à son terme) et m'avait semblé bien plus fin et plus contestataire que le Londres. Bon, et le Leiris ?
Eh bien, le Leiris, les gars, il m'a relativement époustouflé. Le Leiris est meilleur que le Gide qui est meilleur que le Londres qui est meilleur que "Tintin au Congo".
Le Leiris est d'une modernité absolue.


Je rappelle en quelques mots de quoi il s'agit : Michel Leiris a été viré des surréalistes par Breton, et il accepte, à l'invitation de son ami Marcel Griaule, de participer à une vaste campagne d'ethnologie à travers l'Afrique, qui vise à rapporter le maximum d'objets et de documents (écrits, filmiques, documentaires etc) sur les peuples rencopntrés. Une sorte d'état des lieux ethnographique de l'Afrique de Dakar à Djibouti.
Au début, le journal de Leiris raconte les petits événements de la mission, puis peu à peu, se déclare un point de vue lumineux : celui d'un auteur qui découvre un monde insoupçonné.
Bien sûr, toutes les remarques ethnologiques sont passionantes (notamment lors du long et fameux séjour chez les Dogons), mais ce qui frappe encore plus, c'est l'acuité du regard anti-colonial de Leiris. On pourrait multiplier les citations d'un homme qui se rend compte de la grande supercherie de l'entreprise coloniale. Et on sent bien qu'il est (encore) seul à ce moment-là : le regard sur les Africains est parfois ambigu, encore imprégné de l'idéologie européenne, on sent l'intime contradiction avec ce qu'il voit et ce qu'il ressent, et d'ailleurs à chaque fois Leiris finit par choisir son camp (le bon, donc).
Mais "L'Afrique fantôme" est aussi une manière d'autobiographie et le journal de bord de l'ethnologue a tôt fait de virer au compte-rendu d'un état d'âme, non pas celui d'une midinette ou d'un touriste en vacances au Mali, mais celui d'un jeune homme (Leiris n'a que 31 ans) d'une maturité étonnante, propulsé dans un ailleurs qui est, à l'époque, d'une radicale altérité. Il faut ajouter que le tout n'est jamais dénué d'humour, et que parfois, les notes sèches du diariste se transforment en petits bijoux stylistiques.

Point trop n'en faut quand même, j'ai abandonné Leiris au bout de 300 pages et à l'orée de sa deuxième partie : il venait de quitter le Congo belge et entrait dans le Soudan anglo-égyptien. L'Abyssinnie se profile, mais j'avais besoin de quitter l'écriture du journal pour un truc simple et divertissant.
J'ai jeté mon dévolu sur un petit roman noir que m'a filé une amie : "Cul-de-sac" de Douglas Kennedy.



Le héros-narrateur décide de quitter sa vie merdique de la côte Est des Etats-Unis pour une virée dans l'outback australien. Il rencontre une sorte de bombe sexuelle de chez Plouc-city qu'il décide de prendre en stop. Evidemment, la ballade vire au cauchemar et le héros-narrateur se fait bien baiser la gueule.
Voilà, pas grand chose à en dire de plus : on est dans l'archi-genre, avec des retournements de situation attendus, une ambiance poisseuse attendue, une manière de raconter attendue.
C'est bien foutu, on ne s'ennuie pas, quelques petites heures de lecture suffisent à en venir à bout, mais c'est juste... heu... comment dire... attendu ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour la pub appollo, ton texte c'est trop de la balle.
Si tu passes à Paris, tu me SMS et on bouffe un bout sur le zinc, sans chichi...

J'aime comme tu parles de mes livres...
On sent que t'as lu et ça c'est cool (and the gang).

Je te bécotte ma loutre.