vendredi 5 octobre 2007

Savorgnan


Tiens, puisque je vais faire un tour au Congo, j'en profite pour dire deux mots de l'un des explorateurs qui m'est le plus sympathique et que je mets volontiers dans ma petite mythologie personnelle : Pierre Savorgnan de Brazza.

Donc, Brazza nait à Rome en 1852 d'une grande famille aristocrate (remplie d'aventuriers en tout genre). Comme il veut devenir marin, il réussit à l'âge de 13 ans à se faire envoyer en France pour faire l'école navale (c'est lors de ces années de formation qu'il rencontre le futur Pierre Loti).


Il part pour la première fois en Afrique - au Gabon - en 1874 et il remonte l'Ogoué. Aidé et financé par des pontes de la IIIeme république, il devient explorateur et le rival de Stanley ("Boula Matari") dans la région du Congo. Comme c'est un sacré baratineur, il se met dans la poche le Makoko (roi des Batékés), fonde la future Brazzaville, et annexe plus ou moins ce qui deviendra plus tard le Congo français.

Par la suite, il devient commissaire général du Congo, se dispute un peu avec tout le monde, se retire à Alger, repart pour l'Afrique noire, chope une maladie et meurt à Dakar (à 53 ans, en 1905).


De son vivant, il devient une gloire internationale, le pendant français (franco-italien) des Stanley (son ennemi) et autres Livingstone anglo-saxons. Mais alors que les explorateurs anglais sont terriblement efficaces - ils sont implacables, tyranniques voire violents, mais font de vraies découvertes géographiques - Brazza est à moitié sérieux : il se plante dans ses découvertes (il croit que l'Ogoué et le Zaire ont les mêmes sources), aime surtout discutailler avec les différents chefs de tribus, lutte contre l'esclavage et semble glandouiller pas mal (on le surnomme "farniente" parce qu'il passe son temps dans un hamac porté par des indigènes).

En fait, Brazza est une sorte de dandy un peu crado, peut-être pas très doué pour l'administration coloniale, mais profondément humaniste (il n'a jamais recours à la violence à la différence des autres explorateurs) et doté d'un vrai sens de l'aventure.
Voilà ce que disait de lui un de ses ennemis :
"Le desordre que l'on remarque autour de lui, le débraillé de sa tenue, sont les repercussions de son état intellectuel, il n'a aucun plan arrété,change d'idées 20 fois par jour et le moment d'agir venu, il céde à l'impulsion de ce moment-là ".


Du coup, il parait éminement sympathique, ce vrai amoureux de l'Afrique, et on sent bien que sa fréquentation devait être mille fois plus agréable que celle de ses concurrents explorateurs, racistes et violents. Il a certes ouvert la voie de la colonisation française en Afrique équatoriale, mais du moins l'a-t-il fait avec une certaine élégance débraillée et un souci humaniste (largement dévoyé parce que fondamentalement injuste).


Un site complet sur Brazza (avec une chanson des voyelles sur Brazza rigolote) qui est pas mal.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

beau personnage.

Anonyme a dit…

il me fait penser à un de tes amis du 18éme arrondissement, porteur d'écharpes et de pipe.

Li-An a dit…

Il a une belle tête.

Anonyme a dit…

il violait des enfants