mardi 17 juillet 2007

Another day in Paradise



Pour faire simple, on dira que Larry Clark est le cinéaste de l'adolescence, plus précisément de la sexualité adolescente, ou plutôt des corps adolescents - allez, disons des corps des garçons adolescents. Dans Ken Park ou Wassup Rockers, ce qui fonctionnait, c'était précisément ce regard de photographe, à la fois naturaliste et sensible, sur les jeunes acteurs filmés. Ce qui foirait, c'était que passé l'aspect documentaire de la chose, on se retrouvait avec un vague récit mal branlé - l'idée de raconter une histoire n'étant visiblement pas la préoccupation première de Larry Clark mais une sorte d'obligation un peu pénible.

Another Day in Paradise (non, ce n'est pas une chanson de Phil Collins) réussit, en partie, à échapper à cet écueil : on commence bien comme dans un film de Larry Clark (un adolescent nu - et accessoirement sa copine - des corps, une vérité de jeu documentaire) mais on continue dans le récit de genre (film noir et road-movie) ce qui va donner un cadre narratif solide au film. Donc en gros, un jeune paumé et sa copine rejoignent un couple de criminels junkies (James Woods et Mélanie Griffith) pour une descente aux enfers. Rien d'original, a priori : petite mythologie de la came, de la vie de voyous, galerie des personnages pittoresques habituels du road-movie. Mais comme Larry Clark n'oublie pas d'être le cinéaste de l'adolescence dont je parlais au début, le récit en sort revitalisé. Une scène, particulièrement, est frappante de ce point de vue, celle de la discussion dans les bois entre James Woods et le jeune Vincent Kartheiser : d'un côté le film de genre, le bon vieux jeu d'acteur hollywoodien, de l'autre l'émotion documentaire des films d'ados de Clarke.

Mais, mais, mais, passés ces quelques moment de vraie grâce, tout cela reste un peu plan-plan et sans surprises, et on a juste l'impression d'avoir vu (ou lu) mille fois cette histoire. Ce n'est pas désagréable, c'est juste un peu frustrant.




39 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime bien le côté "famille recomposée", ou "famille choisie" qui se construit au fur et à mesure du film tout en étant constamment à deux doigts du désastre le plus glauque. Plus marquant, pour moi, le très esthétisant "Requiem for a dream" de Darren Aronofsky.

Anonyme a dit…

Oui, mais c'est quand même qu'esquissé, malheureusement. Requiem était pas mal, mais quand même sacrément esthétisant : j'ai peur que dans 5 ans, ce soit totalement inregardable.

Anonyme a dit…

"A D I P" est l'unique film de commande de Clark. On oublie souvent que Larry Clark a d'abord été photographe et adolescent.
Il a immortalisé et révélé au travers de ses photos le « white-trash » américain de la fin des années 60 ( Tulsa)
Coppola, Scorcese, Van sant et d’autres.... ont été très influencés par le bouquin de Clark.

Larry Clarck a profondément marqué un certain cinéma américain contemporain (de façon directe ou indirecte).

Pour en revenir à "A D I P", c’est un film qui imite les films réalisés sous l’influence du travail de Larry Clark (juste retour des choses).

On pense pas mal à "Drugstore cowboy" lorsqu'on voit ce film.
James Wood y est au sommet de son talent. Et les fameux adolescents nus scellent les obsessions de Clark au genre polar / road-movie.

Quand à Aronofsky, le film qui l'a rendu célèbre est
au cinéma ce que le chamallow est à la gastronomie.
Un film bouffi par l'esthétisme est les effets, d'une complaisance absolue.
Lorsque l'on sort de ce film étourdi par le filmage clippesque, on a l'impression d'avoir visité la nouvelle attraction d'un dysney-land junkie.

Anonyme a dit…

J'ai vu que ce film avait reçu le prix du meilleur cognac 99. Je vais aller le boir moi aussi du coup...

ronchon a dit…

J'aime beaucoup "Wassup Rockers",qui est comme un pendant filmique et masculin à "Locas".
L'époque est autre (Locas : 1980, Wassup R. : 2000), pourtant l'esprit "revival" punk qui anime ces gamins, gomme le décalage historique.
J'aime tout particulièrement l'exploration d'Hollywood côté piscine.
(Il existe un film bien rigolo que j'ai vu au Forum des Images, il y a quelques années, à propos d'un type qui traverse Hollywood à la nage, de piscines en piscines. Bertrand doit connaître, j'ai oublié son titre ?)

ronchon a dit…

Un tour sur google :
"The swimmer" par Frank Perry avec Burt Lancaster.

Anonyme a dit…

Il y a de l'abus dans Requiem for a dream, c'est certain. Mais pour moi, quelque chose fonctionne malgré tout. Et puis pour une fois c'est un film avec de la vraie musique de djeunz et pas du rock de petits vieux. Et puis les films "clip" méritent le coup d'oeil : The Cell, les films de Gondry, Spike Jonze, Sofia et Roman Coppolla, etc. (sans remonter à Julian Temple), c'est une vraie école, les films tiennent bien mieux la longueur qu'on pourrait le croire et ils se revoient souvent avec plaisir, parce qu'au delà du côté très formel, qui rend les courts-métrages "habiles" si pénibles à regarder, il y a un sens de l'ambiance qui semble très fort chez les gens passionnés par le rapport image/musique.
Et d'ailleurs j'ai adoré "Steak" de Quentin Dupieux d'autant que j'étais absolument tout seul dans la salle : les images contemplatives et la mise en scène étrange donnent un sens à la techno minimaliste chelou de Dupieux et inversement.

Anonyme a dit…

Jean-No :je pense que ta musique de djeunz date d'il y a 15 ans au bas mot.

Anonyme a dit…

Oui mais je suis vieux c'est normal que ma musique de jeunes soit une musique de vieux. Cependant je remarque que les jeunes écoutent de plus en plus de la musique de vieux, genre White Stripes, Forbans, Bill Halley and the comets, Johnny Halliday, Nirvana, Musical Youth, Sonic Youth, etc., enfin ce brouet qu'on appelle "rock". Eh bien je trouve ça proprement répugnant car il faut vivre avec son temps au lieu de regretter un passé qui ne peut revenir que sous forme de pastiche (non, Sheryl Crowe n'est pas Janis Joplin, non, Michel Sardou ne remplacera pas Jimmy Hendrix, non, trois fois non).

Anonyme a dit…

Oui Stéphane, "The Swimmer" est un film génial...
Une critique formidable de l'amérique des années 50.... J'adore le passage où Lancaster, filmé à travers des bouquets de fleurs, saute en slip et au ralenti par-dessus des obstacles pour chevaux.
L’onirisme du film et son étrangeté, en font l’un des meilleurs films de cette époque.
Malheureusement « The swimmer » est quasi-inédit en France.

Je peux te passer ce film si tu veux le revoir en DVD.
Je te recommande d’ailleurs un autre film de Perry "Doc Hollyday", un western gay très étrange.


Quand à Jeanno, je ne partage pas du tout son goût pour le cinéma décérébré des clippers et autres pubards ump.
Pour moi, tous ces réalisateurs sont les rois de l’emballage… Leur cinéma n’a pas de fond.
Contrairement à quelqu’un comme Wes Anderson qui utilise des artifices enfantins pour couvrir des propos mélancoliques très introspectifs, Gondry ou Jonze ont développé des univers (parfois très brillants dans leurs clips) qui ne fonctionnent pas du tout dans leurs films néo-casimirs, purs produits de la société de consolation.
Je pense que Jeanno a dû énormément apprécier sa solitude dans la salle qui diffusait Steak, en se disant que plus tard, il pourrait raconter son aventure dans les blogs de ses amis.

Anonyme a dit…

Eh bien j'aime énormément Wes Anderson, enfin "Rushmore" et "The Life Aquatic", car "Bottle Rocket" n'a pas la même maturité (mais d'excellentes qualités) et Royal Tennenbaum, je ne sais pas, je n'ai pas marché. Dire que les fabricants de pub et de clips font des images sans "fond", c'est un cliché (qui contient sa part de vérité comme tous les clichés), mais pourtant il y a quelque chose. C'est beaucoup moins artificiel de Lynch à mon goût (j'aime Lynch mais c'est quand même le roi quand il s'agit de perdre les gens dans la forêt en prétendant qu'il a un raccourci). Mais bon, c'est dans vingt ans que j'aurai raison, comme j'ai eu raison avec Carpenter ou Cronenberg. Je ne dis pas que tout sera bon à garder des "clippeurs", mais qu'en faisant le tri, on verra qu'ils avaient plus de choses à dire qu'il ne semble a priori, et que si le côté très technique et astucieux de leur boulot créé une distance, ils arrivent à inventer une intimité avec le spectateur par d'autres biais. L'accusation de cinéma "trop maîtrisé" est un truc redondant, on l'a dit de Spielberg bien sûr, et on a coulé (en leur temps, ils se sont rattrapés depuis) sous prétexte d'esthétisme "creux" des films comme Citizen Kane ou La nuit du chasseur.

Bon à part ça, je n'ai pas été voir Steack pour le plaisir d'en parler sur les blogs de mes amis, je n'ai pas d'amis, je déteste les blogs. Ce soir-là, perdu dans une ville de province, j'avais le choix entre ce film et un truc qui avait l'air hypra-merdique.
Mais sans rire, c'est un film appelé à devenir classique, d'ailleurs il est vraiment très différent des films des auteurs de clips que j'ai cité, la mise en scène est très seventies, il y a un fond complètement absurde qui magnifie, qui sublime de manière inespérée l'humour "cour de récré" d'Eric et Ramzy, ce film ne ressemble à rien de connu.

Anonyme a dit…

Arrêtez ça tout de suite.

Anonyme a dit…

Je vous demande de vous arrêter.

Anonyme a dit…

C'est sympa ici.

Anonyme a dit…

Cher Jeanno, j'aime beucoup parler avec les vieilles personnes... elles ont plein de choses à nous apprendre.

Anonyme a dit…

Jeanno, je ne vois pas comment on peut mettre dans le même panier Laughton, Welles et les clipeurs.
Si vous avez mauvais goût assumez le, mais ne venez pas nous faire du révisionnisme cinématographique à trois francs six sous.
Ce n’est pas parce que vous voyez peu de films, qu’il faut nous imposer le tout venant ou votre cinéphilie basique.
Je le dis en toute sympathie, élargissez votre spectre cinématographique, vous vous porterez mieux.

En plus votre posture d’amateur de la première heure de Cronenberg et de Carpenter, s’inscrit dans un discours post cahiers du cinéma très galvaudé.
Soyez un peu plus curieux.

Anonyme a dit…

Mon blog est en train de devenir une sorte de Masque et la Plume du pauvre !! Quelle émotion... Merci, merci vous tous, qui permettez que cela soit possible.

Anonyme a dit…

à ton service.

Anonyme a dit…

Pourtant tu es la personne la plus riche que je connaisse....

Anonyme a dit…

Et moi alors ? Vous m'avez oublié ?

Anonyme a dit…

Et moi ? Et moi ?

Anonyme a dit…

Et Russ Meyer alors ?

Anonyme a dit…

Bonsoir Monsieur !!!
C'est une élève à vous de cette année. J'ai cartonné au Bac, Merci Merci !!! :)
A plus !

Anonyme a dit…

Fayote !

Anonyme a dit…

biensure ...avec un prof comme lui on ne peut que fayoter...

Anonyme a dit…

Chére jeune bachelière, on on ne dit pas "c'est une élève à vous de cette année..." mais " Je suis une de vos plus belles élèves, vous me regrettez déjà"...
On ne dit pas "j'ai cartonné au bac" mais " j'ai un avenir tout tracé"... Et enfin on ne dit pas "merci, merci !!!" mais " je peux vous offrir un verre...(ou un samoussa)".

Anonyme a dit…

Appollo, ton imitation de l'ancienne élève est pas mal du tout...

Anonyme a dit…

Merci monsieur, j'ai cartoné au loto...

Anonyme a dit…

Est-ce que tes élèves savent que tu es le Larry Clark de la BD...?

Anonyme a dit…

Si tu poses tes pattes sur moi je le dis à ma mère.

Anonyme a dit…

Pour Jean no:
Le mauvais goût tu l'aimes ou tu le quittes!
Cordialement.
OK?

Anonyme a dit…

Mais y'a plus rien de neuf sur ce blog, c'est un scandale, je résilie mon abonnement si ça continue. Le mauvais goût est un des droits de l'homme. Au fait, Olmo, c'est l'anagrame de Omlo non ?

Anonyme a dit…

Olmo est l'anagramme de Lomo, marque d'appareils photos que j'aime particulièrement.

Le problème mon cher Jean-no... C'est qu'il y a un plusieurs faux Olmos qui ce sont glissés dans notre discussion.
Malheureusement, c’est assez monnaie courante sur ce blog.

Anonyme a dit…

ça rend un peu fou, ces faux messages (comme le précédent) qui se plaignent des faux messages (comme ceux d'avant)...
C'est un peu au delà de la Schizophrénie ( en plus c'est truffé de fautes...)

Anonyme a dit…

Le mauvais goût est vital...

Anonyme a dit…

Je le dis une fois pour toute: le mauvais goût me fait bander.

Anonyme a dit…

vive Lio!!!

Anonyme a dit…

Tu as raison bernard pivot, j'aurais du mieux m'exprimer comme me l'a appris Olivier...

Li-An a dit…

J'avais un truc original et passionnant à dire sur Anderson vs Gondry mais arrivé au bas des commentaires je l'ai mangé (comme un samoussa).