mardi 21 avril 2009

Femme seule dans la peau blanche

Je ne reçois plus ce genre de mail parce que mon fournisseur d'accès filtre les spams. Un ami à moi (indice : il a de très gros yeux) lui, continue de profiter de cette forme moderne de poésie brute. Celui-là vaut son pesant de cacahuètes :

"Bonsoir,
mon nom Aleksander. Je suis une femme seule dans la peau blanche, je suis 29 ans.
Je cherche un homme pour relation serieuse.
Je tiens a repondre, culturelles et bien. Je tiens a vous familiariser avec un homme a la peau blanche.
J'ai bien recu votre e-mail de l'agence de rencontres, ils ont trouve sur l'Internet ou d'une autre agence.
Je suis interesse a vous, je desire vous rencontrer. Je suis gai et sociable personne. Parmi mes amis, pas de l'homme, a qui je confie mon coeur et dans l'amour avec lui.
Je suis donc allee a l'internet. vous me interesses.
A propos de son caractere, je peux dire: Je suis un romantique, je n'aime pas la violence, J'aime les petits enfants, mais leurs enfants, je n'ai pas.
Je ne suis pas quand a ete non pas pour son mari.
Je suis une fille avec une ame romantique.
Mon adresse est: Aleksandra Tueva, e-mail:
regina.ggg@rambler.ru"

lundi 20 avril 2009

Zambie


Dans 4 jours, je suis en Zambie et au Botswana. J'irai voir les chutes Victoria, les grands fauves, et la statue du docteur Livingstone, je présume.

C'est sans doute l'un de mes derniers voyages en Afrique australe avant longtemps.

samedi 11 avril 2009

SF pétainiste


Tout le monde a, semble-t-il, lu "Ravage" de Barjavel. Pas moi. De cet auteur, je n'avais lu jusqu'à présent que "L'Enchanteur". J'étais en seconde, je crois, et cette version un peu babos des chevaliers de la table ronde avait enchanté (haha) le joueur de Donjon et Dragons que j'étais.
Or donc, l'autre jour, je tombe sur "Ravage", classique des classiques de la SF française, qui traînait à la maison - mon fils l'ayant emprunté au collège.
Je l'ai lu.

En quelques mots : non seulement c'est nul (mal écrit, mal raconté, con) mais en plus c'est d'un pétainisme hallucinant.

Si vous avez oublié de quoi il s'agit, "Ravage" commence par une évocation assez pénible d'un futur proche où le monde est dominé par les machines. Barjavel s'emploie à décrire minutieusement le monde moderne de demain tel qu'il l'imagine, et c'est pesant, chiant à mourir, d'autant que l'intrigue qui commence est d'une bêtise affligeante (le héros découvre que sa bien-aimée s'est fait séduire par un méchant de la radio). Ensuite, arrive le cataclysme à proprement parler : toutes les machines s'arrêtent mystérieusement, plus d'électricité, plus de source d'énergie et la vie moderne s'écroule, Paris succombe à un immense incendie, et le héros devient le chef d'une bande de survivants. Mazette, on se croirait dans "La Route" McCarty alors ? Hélas non, malheureux, Barjavel aligne les clichés, les incohérences, on ne croit pas un seul instant à ce qu'il raconte (je ne parle même pas du cataclysme qui n'est pas expliqué, mais dont on devine qu'il s'agit d'une punition divine), on n'adhère pas une seule fois au récit... Et voilà pas que le récit, déjà passablement agaçant de mièvrerie bien pensante, vire à la vision mystique réactionnaire. Non pas réactionnaire, pétainiste. Le héros devient un chef (un vrai, hein, un qui tue celui qui ne lui obéit pas), les autres personnages (à peine esquissés) sont fascinés par la valeur du commandement, et ensemble ils décident de traverser la France ravagée pour aller s'installer en Provence, et retrouver les vraies valeurs de la terre. Car c'est ça l'idée qui sous-tend tout le roman : retrouver les valeurs de la terre (qui ne ment pas, elle), obéir au chef, être fidèle à la race. S'ensuit un périple sans intérêt, marqué par la violence légitime du survivant, et par des épisodes totalement stupides (ils rencontrent Jesus par exemple). Enfin, arrivés à bon port, la communauté se structure et s'organise pour que plus jamais un tel cataclysme ne se reproduise : on interdit les livres, on instaure la polygamie pour repeupler le pays, on prône les valeurs de la terre, et on écoute les chefs (blonds aux yeux bleus - ah ben oui). Et voilà c'est fini.

Bon dieu de merde, me dis-je en refermant le livre, qu'est-ce que c'est que ce truc ? C'est "Pétain fait de la SF" ou quoi ?

Eh bien oui.
En regardant rapidement sur internet, je découvre que le roman est publié en 1942, et que Barjavel était un habitué des colonnes de "Je suis partout". "Ravage", c'est bien "Pétain fait de la SF".
Je suppose que tout le monde est au courant, que c'est même une tarte à la crême de la SF, comme, un peu, "Tintin au Congo" pour la BD. Mais moi, je ne savais pas.
Comme disait le Professeur Choron : "il n'y a rien de pire que l'ignorance, on s'instruit pendant qu'on danse."