lundi 28 juillet 2008

Voyage à Lifou

Comme on nous propose, à ma frangine et à moi, deux places dans un petit coucou qui s'envole pour Lifou (l'une des trois îles Loyautés), je me dis que l'aventure dans le Pacifique c'est maintenant ou jamais.


L'avion est vraiment tout petit, et le pilote m'explique un peu toutes les commandes. En fait, j'écoute distraitement et je regarde par le hublot : nous survolons la grande terre d'ouest en est, et bon dieu, c'est joli comme tout. Ensuite, une demi-heure après, Lifou apparait : elle est grande, toute ronde, et visiblement peu urbanisée, c'est le moins qu'on puisse dire.


Ok, j'ai compris, Lifou, c'est le truc "île du Pacifique paradisiaque". On ne me la fait pas à moi.

Si on regarde autre chose que les multiples plages de sable blanc, on découvre un habitat très dispersé, à peu près systématiquement peint en bleu. Un bleu particulier dont j'ignore la dénomination technique mais que je décide d'appeler "bleu Lifou".




Quand même, on s'arrête pour se mettre à la baille. Notamment, à Peng, plage idyllique et déserte, qu'un panneau annonce d'un message un peu sybillin.


Sinon, c'est joli partout.




Il semble que dès qu'on quitte Nouméa - comme me le confirmera, quelques jours plus tard, une longue ballade en brousse - le mode de vie traditionnel kanak perdure, comme l'attestent les multiples cases que l'on trouve à côté des maisons plus modernes.


A la fin de la journée, on reprend le coucou pour le vol du retour. Le pilote me demande si je ne veux pas conduire un petit coup. Je dis non, hé ho, ça va pas, puis je me ravise. Mince, si je suis capable de conduire un sporster 883 - avec le succès que l'on connait - je suis bien fichu de piloter un petit avion de rien du tout au dessus du Pacifique.
L'expérience ne dure pas, ma frangine hurle à la mort derrière moi, comme quoi je dois rendre les commandes au monsieur, que je suis pas cinglé non, de vouloir tuer ma famille (c'est à dire elle).





N'empêche, la Nouvelle Calédonie, de haut, ou d'en bas, c'est un sacré pied.


Fin (tardive et accélérée) de mon carnet calédonien. Je n'ai pas raconté mon excursion chez les tricots rayés au phare Amédée, ni ma découverte des cagous en liberté à la Rivière bleue, ni ma virée à Bourail, Poindimié et Hienghène. Je n'ai pas raconté ma soirée arrosée avec un échantillon représentatif de la population calédonienne : kanaks, caldoches, polynésiens et zoreils, tous également sympathiques, drôles et ivres.
Bah, y aura qu'à me téléphoner les gars, j'enjoliverai et vous donnerai plein de détails croustillants.

dimanche 27 juillet 2008

Nouméa

Pour ce que j'en comprends, la ville de Nouméa s'atomise en de multiples criques, anses et baies autour d'un centre-ville plutôt réduit et sans caractère. Il y a quelque chose d'une côte d'azur tropicale dans cette ville, moins le mauvais goût et la cohue estivale, et les bars et restaurants pulullent le long des marinas et des plages, tandis que la vieille ville a, à peu près, perdu son cachet colonial, quelques rares bâtiments faisant exception. Les lotissements rupins, eux, s'éparpillent tout le long de cette péninsule toute découpée qui est extraordinairement belle.

Je ne sais pas trop à quel degré d'ennui s'écoule la vie ici, si on n'aime pas les activités nautiques... Je tombe quand même sur un vendeur d'art océanien qui propose des pièces incroyables (pour le parfait néophyte que je suis) à des prix tout à fait acceptables. Mais comment rapporter une statue papoue de deux mètres dans mes bagages ?

Un vieux quartier, un peu déclassé et populaire, la vallée du tir, ne manque pas de me séduire. C'est aussi là, m'a-t-il semblé (mais je ne suis qu'un touriste qui n'y connait rien), le seul endroit où les populations canaques et caldoches vivent ensemble.
D'ailleurs, Nouméa frappe par sa population archi-majoritairement blanche, à part quand les gens de Maré font la teuf sur la place des cocotiers.

Le zoo, où j'emmène les marmailles, est joli comme tout, grand (et un peu vide, il faut le dire) et tout à fait paisible. Et puis il y a des cagous.

jeudi 17 juillet 2008

L'année de la bande dessinée

Depuis Angoulême, je n'avais rien lu en bd, pour cause d'Angola. Je me suis logiquement goinfré d'illustrés à mon retour à la Réunion. Avis rapides et avec des gros mots sur quelques bouquins pas trop mal :

- Princesse aime princesse - Mandel - Gallimard "Bayou"
Alors au tour de Lisa Mandel de s'essayer au long format : dans un univers débilo-kitsch d'aujourd'hui, une jeune fille tombe amoureuse d'une autre jeune fille. C'est plutôt rigolo et sympathique, mais enfin bon, ça ne décolle jamais vraiment et on a tôt fait de tout oublier. Dommage.

- Le rouge vous va si bien - Durbiano - Gallimard "Bayou"

Des petites histories courtes de Lucie Durbiano, légères comme tout, toujours à la limite du mièvre des histoires "pour filles", ça m'enchante, cette Lucie est d'une finesse incroyable.

- Le tricheur - Ruppert et Mulot - L'Association

Putain ça a l'air génial, mais j'ai pas eu le temps de le finir avant de repartir à Luanda.

- Le goût du chlore - Vivès - KSTR

Le premier livre de Vives avait marqué les rétines par sa couverture avec une fille aux gros nichons mais je ne l'avais pas acheté parce qu'on m'attrape pas comme ça, les gars. Là, j'ai acheté, et c'est pas mal. Il ne se passe rien, c'est un mec qui va à la pistache, il rencontre une fille, ils discutent, ils nagent aussi, après la fille lui dit quelque chose mais on sait pas quoi, il faut lire sur les lèvres (et moi, j'ai pas réussi). Vide mais très bien vu, et très bien dessiné, et très bien senti.

- Pauline et les loups-garous - Oiry et Mézigues - Futuropolis
Génial, forcément génial.

- La vie secrète des jeunes - Sattouf - L'Association
Alors là, ce con de Riad Sattouf, je suis obligé de dire que c'est un putain de génie. La vie secrète c'est hilarant, horrible, déprimant... Putain, ce salaud est extrémement fort dans les dialogues, dans le détail graphique qui fait mouche, et en plus, il est le vrai sucesseur d'une lignée qui va de Brétecher (avant qu'elle foire) et Lauzier à Regis franc. Très très bon.


-Scrublands - Daly - L'Association

C'est Joe Daly, c'est vachement bien, vachement bizarre, et tout à fait pour moi (à part un long récit muet un peu casse-couilles au milieu).

La vie antérieure


Quand l'avion se pose à Gillot, on a l'impression d'être parti 10 ans, 20 ans, toute une vie. Et finalement, non, c'est un étrange sentiment d'extrême familiarité mélé d'étrangeté qui s'annonce. C'est le repaysement. Il faudra deux jours, pas plus, pour croire n'avoir jamais quitté l'île et envisager Luanda comme une sorte de rêve poussiéreux et lointain.

Tout reprend sa place immuable, la famille, les amis, le décor, mais quand même ces couleurs saturées, cette lumière, bon dieu de bordel de merde, on les avait presque oubliées...

Tout reprend sa place, comme par exemple, chez Gael et Pascale, le "Rock à la Buse", festival roots et rock.

15 jours, pas plus, et le léger ennui du quotidien réapparait - on se rappelle pourquoi on est parti - même si cet ennui-là est à mille lieues de celui de Luanda (où il est plus violent en même temps qu'atténué par la nouveauté).


Et voilà, deux semaines passées, l'avion repart, via Sydney, pour la Nouvelle-Calédonie et la découverte du Pacifique-Sud.