samedi 3 mai 2008

Des dangers de la mal-bouffe


Il est autour de 9 heures du soir, et j'ai pris ma bagnole pour aller chercher des pizzas. Sur la route de Viana, je suis pris dans un embouteillage.

A ma portière surgissent deux ados, 15-16 ans, pas plus, qui m'interpellent en portugais. Je les regarde, interloqué (malgré ma bonne volonté, je reste une tanche finie en portugais).

L'un d'eux sort un pistolet, l'arme devant moi, et soudain je me découvre un don pour les langues : "Telephone, dineiros, rapido ! Rapido !". Il agite son flingue sous mon nez.

Je donne mon téléphone ; mon paquet de clopes, même. Je suis prêt à tout donner, ce soir. Mais mes clopes, il en veut pas, il s'énerve : "Rapido, rapido !".

Son comparse passe son corps par la fenêtre de la portière et tâte dans le noir pour voir s'il y a quelque chose à piquer. Je tente un héroïque "Não tenho nada" (je n'ai rien). C'est complétement stupide. D'autant plus stupide que le comparse palpe ma poche arrière dans laquelle se trouve mon portefeuille. Baisé canard, comme on dit chez ouam.

Je file le larefeuille, en me disant que 1. j'ai 300 dollars dedans, moi qui n'ai habituellement pas un sou vaillant sur moi et que 2. je suis en train de me faire piquer ma carte bleue et mon permis de conduire, ça m'apprendra à me promener avec, alors que je n'en ai strictement pas l'utilité à Luanda.

Celui qui a le flingue ouvre d'une main le portefeuille, prend les dollars et me jette le larefeuille dans la voiture.
Ils disparaissent aussi vite que ça.

Merde. Je tremble un bon coup après coup. Je me réjouis d'avoir conservé mes papiers. Presque je leur dirais "obrigado les gars", mais je me ravise car je sens confusément que le syndrome de Stockholm est en train d'agir (d'ailleurs, n'avais-je pas une petite toux, hier ?).

Et puis je me rends compte que j'ai 50 dollars dans une autre poche (pour les pizzas). Ah ah ! Quels losers ces ladrãos ! Même pas ils ont vu que j'avais encore de l'argent !

C'est pas le tout, je redémarre acheter mes pizzas. Ca pourra toujours faire une note héroïque sur mon blog, tiens.


Pourtant, il faut que je le précise, je n'avais jamais senti d'insécurité à Luanda. Rien à voir avec Lagos, par exemple, où la ville entière semblait suinter la violence urbaine.
Le problème luandais s'explique, je crois, assez simplement (en dehors des raisons habituelles liées au sous-développement :

- en 1994, la guerre civile a éclaté de nouveau, en pleine ville cette fois. Le MPLA au pouvoir a fait distribuer à la population de Luanda des armes pour se débarrasser des militants de l'UNITA (avec succès).
Mais, quand il s'est agit de récupérer les armes dispéersées, ça a été une autre histoire. Ainsi, toute cette année, en prévision des élections législatives de septembre, la police a multiplié les actions coup de poing pour récolter les armes. Tâche titanesque tant il semble que chaque habitant de cette ville possède au moins une arme de guerre à la maison.

- l'Angola croule sous le pognon. Non seulement il y a le pétrole, mais il y a aussi les diamants. Une partie de la population angolaise est devenue riche à un point qu'on n'imagine pas. Comme on imagine difficilement que des millions de luandais vivent dans les musseques autour de la ville, dans des conditions dramatiques. Il est vraisemblable que si la répartion des richesses n'est pas un tout petit peu plus équitable, les prochaines années risquent d'être un peu tendues à Luanda.

17 commentaires:

Anonyme a dit…

Wow. Fais gaffe, quand même !

Anonyme a dit…

Il faut surtout insister sur le fait que que cette insécurité est largement entretenue par le lobby des livreurs de pizzas à domicile.

Anonyme a dit…

Putain mais trouve toi un Uzi et explose leur la gueule à ces moucherons !

Hobopok a dit…

En Sudafrique ou je sais pus où, en Amérique centrale ou quelque autre riante contrée explorée par mes soins, on conseillait de toujours avoir sur soi "l'argent du voleur". C'est à dire quelques petits billets bien dodus aptes à contenter un tatoué shooté au crack et à la gâchette facile. Une sorte d'assurance-vie minute.

Anonyme a dit…

Franchement t'aurais quand même pu prendre des photos.

Anonyme a dit…

Ce n'est pas une raison pour nous infliger des illustrations aussi laides.

Anonyme a dit…

Tu as raison Jean LEcul, mais j avais un peu la flemme de chercher longuement des belles images de flingues et de pizzas...

Li-An a dit…

Et Dominique a gobé cette histoire ? "Chérie, j'ai plu un rond, on m'a braqué dans la rue." En tous les cas, ma femme à moi a de gros doutes...

Anonyme a dit…

La mienne a de gros seins.

Anonyme a dit…

Tu les as pris à quoi, tes pizzas ?

French

Anonyme a dit…

Comme t'es trop un aventurier, ouaaaah comme t'es trop l'héritier de Pratt, ouahhh tu devrais faire de la bande dessinée tellement t'es trop top comme mec.
si tous les gars du modem étaient aussi couilles dures que toi, ce serait la bande à Bob Denard et pas la chance aux chansons.

Anonyme a dit…

Au modem aussi on mange des pizzas en lisant des BD.

Anonyme a dit…

En effet j'ai des gros doutes, mais ce sont des implants.

Anonyme a dit…

50 dollars pour des pizzas ?
C'est des dollars angolais ?
Tu le sens mon gros doute ?

Anonyme a dit…

Tu dois être le seul à ne pas sentir l'insécurité à Luanda, moi je vis là bas la moitié de l'année et je ne sors jamais une fois la nuit tombée, ce qui t'es arrivée n'est pas une première, ils le font souvent, le fossé est énorme entre riche et pauvre, alors le blanc est une bonne proie, ceci dit la majorité des Angolais sont bonnards.

Anonyme a dit…

Ça va aller, oui ? Y a pas écrit "Total" non plus.

Anonyme a dit…

buvez de l'essence.