...mais de la route, de la piste, et des décors à couper le souffle.
Va pour un petit carnet de voyage en Afrique australe (en fait, une banale soirée diapos comme dans n'importe quel blog, mais, ho, les mecs, c'est justement un blog ici).
I. Etosha - la corne du rhinocéros
Windhoek, la capitale, est une ville un peu chiante comme ses origines allemandes : propre et moderne, sans âme, pas très sexy, pas très "africaine" (comme diraient des voyageurs venus ici pour l'Afrique, la vraie - sans qu'on sache ce que ça signifie vraiment), mais parfaite pour des gens venus de Luanda : on y circule facilement, tout fonctionne pour de vrai, quand on appuie sur un bouton, il y a de l'eau ou de l'électricité (ça dépend du bouton) et les magasins sont pleins de choses à acheter pour pas trop cher. Evidemment, ceux qui ne viennent pas de Luanda doivent trouver ça juste chiant.
Après, c'est la route, dans un pays immense et à peine peuplé. Une route qui file droit, tellement droit qu'on a envie de mettre un gros galet sur la pédale de l'accélérateur et regarder l'espace infini défiler devant soi.
Au nord, à quelques centaines de kilomètres seulement de l'Angola, il y a l'immense parc d'Etosha, dont le centre est constitué d'un "pan", une sorte de très grand lac asséché. Et à Etosha donc, on vient regarder les animaux : les antilopes, les girafes, pas les éléphants qui sont, parait-il, partis plus au nord, les zèbres, les centaines, les milliers de zèbres, les spingboks qui s'avéreront par la suite de sales bestioles, les autruches et puis les animaux moins glorieux mais tout aussi rigolos, comme les écureuils, les dassies, les varans et ces bons vieux chacals qu'on va recroiser partout ("Sous le signe du chacal", c'était pas mal comme titre aussi).
Le truc, c'est lorsqu'on parle avec des gens qui sont allés au Kenya, ou dans ce genre de pays là, on se rend compte que tout ça n'est pas si excitant que ça, et que là-bas, tu vois des troupeaux de centaines de lions par exemple. Et bien, par exemple, moi qui ne suis jamais allé au Kenya, ou dans ce genre de pays là, je trouve ça toujours incroyablement chouette, et des lions, des vrais, en liberté,même juste un, j'aimerais bien en voir pour de vrai, au moins une fois.
Et cette fois, c'était la bonne : à la tombée de la nuit, c'est mon fiston qui l'a repéré.
Et puis aussi, il y avait aussi ce rhino avec cette corne qui n'en finissait pas.
II. Damaraland - Go west, young man, go west.
La route qui part vers l'Ouest est toujours aussi droite, et traverse des petites villes perdues, un peu inquiétantes quand le ciel est mauvais, un peu fantômatiques avec leurs stations services et leurs bottle-stores.
Dans un hôtel au milieu de nulle part, au coeur du Damaraland, ils ont deux springboks apprivoisés, qui me prennent en grippe et me filent de violents coups de cornes (que je maîtrise admirablement, je dois dire).
Dans ce bottle-store où je viens acheter des clopes, il y a une dispute violente entre une femme qui crie fort et un poivrot qui l'insulte. Ca fait rire les autres ivrognes qui m'invitent à assister à la scène et à, accessoirement, leur payer un coup.
Plus tard, la route est devenue une piste assez correcte, malgré quelques débordements de ravines, et les paysages ressemblent à ceux des westerns : de la poussière, parfois des tourbillons de poussière d'ailleurs, des montagnes plates, des canyons, un ciel infini, quelques fermes isolées et pas une voiture dans cet horizon immense.
Le désert n'est pas loin, pourtant la pluie arrive, et c'est l'entrée dans la Skeleton Coast
III. Désert de Namib - la côte des squelettes
Quand on pénétre la Skeleton coast, il pleut donc. Il pleut, mais rien ne pousse, c'est juste une immense plaine grise, de caillasse et de graviers. Evidemment, c'est le désert, alors il y a encore moins de monde qu'avant (c'est à dire pareil, puisqu'il n'y avait personne avant), et on sent que ça va être un peu flippant cette histoire.
Mais le désert change, il prend des couleurs, le sable apparait, une immense dune borne le côté droit alors qu'on fonce vers le nord. Hé oui, on fonce dans le désert, à toute berzingue, avec un panache de poussière qui nous colle au train, et c'est con mais c'est le pied !
L'océan apparait enfin, mais il n'est pas très rassurant, il est juste sauvagement beau.
Comme c'est la saison des pluies, le delta asséché de la rivière Uniab se réveille un peu : quelques points d'eau avec des antilopes.
On monte encore, plein nord, aux limites de l'accès autorisé de la côte des squelettes. Et là, posé comme une sorte de base-vie de l'antarctique (un truc du genre Dumont d'Urville, ou Port-aux-français - enfin, tels que je me les imagine) se trouve Terrace bay : quatre ou cinq baraquements en préfa, face à un océan, grisatre pour l'occasion, avec du vent et du désert autour, sur des milliers de kms. La prochaine ville est très loin au sud, et au nord, ça continue comme ça jusqu'en Angola.
Le courant froid de Benguela vient charger de brumes ce petit coin de nulle part. C'est pas écrit, mais on a vraiment l'impression d'être arrivé au bout du bout du monde.
Dans la salle commune de Terrace bay, je découvre la population du coin : une douzaine de gros pêcheurs, quinquagénaires rougeauds à casquettes, qui parlent une de ces langues gutturales si typiques du nord de l'Europe et du sud de l'Afrique. Ils viennent parfois de Johannesburg pour pêcher dans ce coin perdu (et boire bruyamment des bières le soir).
Après une nuit dans ce finistère austral, la voiture redescend plein sud, tout au long de la côte, dans ce désert qui n'en finit toujours pas.
L'arrêt suivant, c'est Cape Cross. Une immense colonie d'otaries (entre 80 000 et 250 000 me disent mes guides) qui puent et qui font un barouf de tous les diables. Mais à les voir ainsi se baigner dans les vagues, sauter, surfer, glisser, plonger, ça donne envie, à son tour, de se jeter à la baille.
La plage de l'unique hôtel de Cape Cross est tellement jolie qu'on oublierait presque qu'on est toujours dans ce désert inhospitalier. Le soir, avec le soleil qui en fout plein la vue, c'est sublime, ou presque. Je dis presque, parce qu'en me balladant romantiquement sur la plage, je découvre que c'est un en fait la plage des otaries mortes : tous les 10 mètres, les vagues ont échoué une otarie crevée. Merde, ça me refroidit un peu. Alors que je m'empresse de prendre des photos de cadavres d'otaries (ce qui me laisse un léger trouble concernant ma nature profonde ), j'aperçois les chacals sur la dune. Ils sont assis tranquillement et attendent que je parte pour aller à la cantoche. De loin, avec des jumelles, je les regarderai plonger leur museau dans les entrailles des gentilles otaries.
La route dans le désert continue jusqu'à Henties Bay, première bourgade après 1600 bornes de sable. L'accueil y est digne d'une ville du désert.
Puis, c'est Swakopmund, deuxième ville du pays, station balnéaire au look kitscho-germano-disneyen qui marque la fin du désert.
Après, ce n'est plus la piste, mais la route bien goudronnée, toute droite - évidemment - jusqu'à Windhoek-la-chiante, avec ses beaux magasins pas chers pour kiluandais sur le départ.
A la toute fin, aujourd'hui, je retrouve Luanda, qui compte à elle seule deux fois plus d'habitants que toute la Namibie : je me fais arnaquer par le taxi, l'électricité est en rade, il fait une chaleur de fournaise, il n'y a rien à bouffer, l'eau ne coule pas et impossible d'envisager un déplacement en bagnole parce que c'est vendredi, que les routes sont bouchées et qu'il a plu quand j'étais absent, ce qui signifie que les routes sont encore plus défoncées que d'habitude. Bem vindo.
5 commentaires:
Pas mal du tout ton voyage en Namibie.
Une ambiance western assez étonnante.
(avec des girafes)
Je suis sorti de chez moi et il pleuvait.
J'ai vu grand travelo blond (à l'état sauvage).
Après j'ai chopé la crève, je sais plus trop comment.
trés interessantes c photos de voyage. au fait vous vous etes arrétés dans une "boutique" pr acheter des clopes... vraiment? je croyais que vous aviez arreté de fumer?vous avez recommencé?
à quand un voyage en suisse?
Tout ça ne nous rendra pas le Congo.
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