D'abord, Werner Herzog :
On vous compte ordinairement, aux côtés de Werner Schroeter ou de Rainer Werner Fassbinder, parmi les réalisateurs qui ont constitué le nouveau cinéma allemand dans les années 1960 et 1970. En êtes-vous d'accord ?
C'est une coïncidence technique et factuelle. En réalité, je n'ai participé à aucun de leurs projets collectifs, je n'ai jamais partagé leurs idées, que je trouvais médiocres, et je n'étais pas ami avec eux. Pour moi, qui ai vécu une enfance pauvre et ai travaillé à l'usine, c'étaient de petits bourgeois qui jouaient avec l'idée de la révolution mondiale et dont l'analyse politique me paraissait absurde. A l'époque, on m'a fait passer pour un fasciste à cause de cela. J'ai donc toujours été solitaire et isolé dans mon travail. Je ne suis personnellement ami qu'avec Volker Schlöndorff, mais nous évitons de parler cinéma.
On vous prête un nouveau projet, pour la première fois hollywoodien : un remake du Bad Lieutenant d'Abel Ferrara, avec Nicolas Cage et Eva Mendes...
Hollywood a connu tellement de déboires avec la surenchère technique et le star-system qu'on en arrive aujourd'hui à me proposer un scénario. Mais il ne s'agit pas d'un remake, c'est une erreur de la presse. Mon producteur, Edward Pressman, a bien produit un film intitulé Bad Lieutenant de ce monsieur Ferrari, ou Ferrara je ne sais pas bien, qui l'aurait assez mal pris. Mais je ne le connais pas et je n'ai jamais vu son film.
Le deuxième, c'est Korine donc :
J'ai traîné avec des putes, des macs, des criminels... J'avais perdu l'envie de participer. Deux de mes maisons avaient brûlé. Je n'avais plus rien. L'ordinateur dans lequel j'avais un scénario terminé a brûlé aussi. Ça m'a complètement secoué. J'ai traîné dans la jungle, avec des Indiens qu'on appelle les bare asses (culs nus). J'ai surpris l'un d'eux en train de se masturber. Les autres l'avaient ostracisé parce que c'était un masturbateur chronique. On est devenus amis. Il m'a indiqué un bar où les gens se bourraient la gueule avec des tamanoirs. Là, un type m'a parlé d'une secte de pêcheurs à la recherche d'une minuscule carpe dorée. S'ils attrapaient ce poisson et qu'ils touchaient les trois points sur le côté des nageoires, cela devait produire le son d'un piano pour enfants. Puis, une rumeur a circulé : le leader aurait été motivé par une prime proposée par un businessman japonais. Nous nous sommes brouillés.
Sa femme était schizophrène. Elle se baladait avec une laisse en promenant un chien invisible. Elle m'a donné la laisse, pour me dire de partir. De retour aux Etats-Unis, j'ai vécu dans une cave. J'ai accroché la laisse au mur.
Une nuit, en provenance de la laisse, j'ai entendu un aboiement. J'ai commencé à rêver de nonnes qui sautaient en parachute. J'ai senti qu'il était temps de redevenir créatif.
Sa femme était schizophrène. Elle se baladait avec une laisse en promenant un chien invisible. Elle m'a donné la laisse, pour me dire de partir. De retour aux Etats-Unis, j'ai vécu dans une cave. J'ai accroché la laisse au mur.
Une nuit, en provenance de la laisse, j'ai entendu un aboiement. J'ai commencé à rêver de nonnes qui sautaient en parachute. J'ai senti qu'il était temps de redevenir créatif.
Mister Lonely est un film sur les sosies ?
J'ai grandi dans une communauté. J'avais un ami allemand qui avait marché sur une mine. Pendant sa convalescence, il a décidé de vivre une vie de Michael Jackson. Avec une jambe en moins, il ne pouvait faire qu'un seul mouvement, et il le répétait toute la journée, à un coin de rue.
Un jour, soûls et sous acide, nous avons imaginé la vie dans une communauté de sosies.
Un jour, soûls et sous acide, nous avons imaginé la vie dans une communauté de sosies.