mardi 24 février 2009

Carnaval


Puisque je suis là à glander en Angola, avant de partir foncer dans le désert de Namibe, autant aller voir à quoi ressemble le fameux carnaval de Luanda.
Je m'y prends à l'avance, devançant les embouteillages qui ne manqueront pas de me bloquer des heures durant dans les rues qui mènent à la Marginal. Mais en fait non, pas un chat, on se croirait un dimanche. Je me gare dans une rue adjacente et je descends la Marginal interdite aux voitures. Ca sent la fête, le bal masqué, ohé, ohé. Les filles sont habillées en genre d'anges (c'est à dire avec des ailes accrochées dans le dos) et les mecs sont majoritairement déguisés en femmes, en monstre de Scream ou - et c'est le plus intéressant - en espèce de zombies africains, habile mélange d'Halloween et folklore angolais.
Il y a même un prédicateur visiblement pris de boisson (en fait, tout ce beau monde a l'air d'être pris de boisson - la cuca coule à flots).


Après, sous un soleil de plomb, j'attends le défilé qui, malheureusement, semble bloqué au niveau de la tribune officielle. Les heures passent, je commence à en avoir ma claque. Finalement un groupe de danseurs et de musiciens passe à mon niveau mais ils ont visiblement fini leur spectacle. Grrr.


Enfin arrive le premier groupe, et les premiers chars. C'est le groupe de Ilha (12 fois vainqueur du carnaval, me dit-on). C'est un peu bordélique : après les femmes qui dansent (à la brésilienne), y a tout un tas de monde qui court derrière.

Ensuite, l'attente reprend. J'aperçois le deuxième groupe qui arrive. On dirait qu'il y a même des costumes traditionnels. Mais ça s'arrète de nouveau. Pfffffuuu.
Il fait trop chaud, je m'en vais. Sur le chemin du retour, il y a un groupe de capoeira. Pas mal, on dirait du moringue en bien fait.

Je croise encore quelques groupes de jeunes, de plus en plus bourrés, qui se dirigent vers la Marginal. Ce soir, ça va être chaud.

dimanche 22 février 2009

Liceu nacional Salvador Correia



Si tous les jours étaient dimanche, Luanda serait une ville extraordinaire à visiter. Aujourd'hui, les gars, c'est la visite de l'ancien lycée colonial portugais, toujours en activité.
A l'extérieur du lycée, donnant sur la rue, une immense carte du monde et les voyages des grands explorateurs portugais. Plusieurs cours intérieurs, ombragées, permettent de découvrir cet immense lycée - à l'époque coloniale, le seul de Luanda, et sans doute d'Angola, et vraisemblablement inaccessible aux noirs.
L'intérieur est encore plus émouvant, avec son mélange de vestiges des fastes d'antan et la pauvreté bordelique d'un lycée du tiers-monde d'aujourd'hui.
Un jour, sans doute, ce lycée sera restauré, et il sera moins bien. En attendant, les marmailles angolais travaillent comme ils peuvent dans un bâtiment d'une beauté inouïe, en regardant peut-être la carte du monde tel que les coloniaux portugais aimaient à le rêver, c'est à dire à leur gloire exclusive.

samedi 21 février 2009

jeudi 19 février 2009

Pangar lo chien


"Un Chien mort après lui", dernier "roman" de Jean Rolin.


En créole, on les appellerait "chien jaune" ou "chien marron", cette dernière expression ne désignant pas la couleur supposée de l'animal - que la première, elle, identifie - mais indiquant son statut vis-à-vis de la société des hommes : un chien marron, c'est un chien qui s'est ensauvagé. Rolin, lui, préfère l'expression - tirée de l'anglais - de "chien féral" (un féral, des féraux).

Il traverse donc le monde tel qu'il est - riche un peu, pauvre surtout, en paix, en guerre, en Asie, en Afrique, en Amérique, en Australie, en Europe - pour une sorte de panorama mi-subjectif, mi-savant des bandes de chiens féraux : chiens qui mangent des cadavres, chiens de décharge, chiens urbains, chiens littéraires, chiens qui chantent (en Papouasie), dingos australiens... Et en même temps que Rolin raconte ses rencontres avec les canidés du monde entier, il n'oublie ni le contexte des pays visités(et on retrouve là son goût immodéré pour les indications géographiques et urbaines précises : noms de rue, sens du détail et de la description), ni, évidemment l'actualité qui entoure ces rencontres - Rolin reste un journaliste : guerre entre Tsahal et le Hezbollah, émeutes haïtiennes, rebellion thaïlandaise etc.

"Un chien mort après lui" aurait pu s'intituler "Le Monde selon Rolin", tant le chien féral est à la fois le sujet du récit et le prisme par lequel Rolin décrit le monde d'aujourd'hui - évidemment à sa manière, un peu désabusée, distante, ironique, amusante et pleine d'empathie.

mercredi 18 février 2009

MVMD

"Ma vie mal dessinée" de Gipi, chez Futuro.

Gipi a un problème à la bite et il consulte donc des médecins pour voir ce qu'il y a à faire. Malheureusement pour sa bite, ça ne s'arrange pas, mais heureusement pour ses lecteurs, il en fait une bd. C'est l'occasion pour lui de raconter des bribes de sa vie, de son enfance ou de son adolescence et pour nous de découvrir encore et encore quel auteur majeur il est.

C'est simple, Gipi est le meilleur auteur de bande dessinée européen depuis disons, Pratt.



C'est drôle, violent, intelligent, particulièrement bien écrit et dessiné, raconté avec un sens du récit, de la digression, de la construction absolument extraordinaire.

Je dis ça, et pourtant les autobios me laissent normalement sceptiques.

Il y a trois "Gipi" à posséder : "Notes pour une histoire de guerre", "S" et désormais "MVMD". Trois bouquins également géniaux, à des milliers de kms de tout ce qui se fait d'autre en bande dessinée - et qui gagne des prix à Angoulême.

samedi 14 février 2009

Equatoria


"Equatoria" est un livre hybride, qui relève du récit de voyage comme de la biographie et du reportage, quoique sous-titré "roman". Patrick Deville - que je n'avais jamais lu auparavant - décide de traverser l'Afrique centrale, le long de la ligne de l'équateur, depuis São Tomé jusqu'à Zanzibar. Coast to coast.

Ce qui motive son voyage, c'est le prochain rapatriement des cendres de Savorgnan de Brazza dans la ville à qui il a donné son nom. Evidemment, c'est à moitié un prétexte pour errer dans les deux Congo, en Ouganda ou en Tanzanie, et évoquer les figures des grands marcheurs de l'Afrique : les explorateurs Stanley, Livingstone I presume, Brazza, les guerilleros Guevara, Savimbi, et les figures moins connues (par moi) que sont Tippu Tip et Emin Pacha.

Il y a quelque chose de Rolin Jean dans l'écriture, avec une petite distance élégante, une formidable culture, et une ironie discrète.

Dire que j'ai dévoré le bouquin serait une sorte d'euphémisme : j'y retrouve tout ce que j'adore, l'Afrique, les figures étonnantes de l'histoire, le souffle d'une aventure d'aujourd'hui dans des pays dont la littérature (le cinéma, la bande dessinée...) en France ne parlent jamais, en évitant globalement les clichés qui l'encombrent... Et puis c'est un peu comme si Deville avait lu une partie de mon blog pour la première moitié de son récit : il part à Luanda, au Congo, à São Tomé (où il dort chez les mêmes gens que moi), rencontre Pepetela, évoque les guerres du Congo (des Congo), admire Savorgnan... bref, Deville, c'est mon blog en bien écrit et qui a les couilles d'aller jusqu'au bout.

samedi 7 février 2009

Winshluss la win


Fallait-il récompenser le Pinocchio de Winshluss à Angoulême ?
Oui, pour deux raisons : d'abord parce que tout le monde adooore cet album so trashy, ensuite parce que c'est publié aux Requins Marteaux et qu'un Fauve d'or ne peut que leur faire du bien.

Non, pour une seule raison : c'est pas terrible comme album. Ok, on le lit sans déplaisir, en souriant parfois, en s'esbaudissant des prouesses graphiques d'autres fois, mais à la fin quoi ? Une énième parodie trash, comme on en a vu des dizaines de fois dans toute la presse fanzine underground depuis à peu près 30 ans. Pourquoi Winshluss tartine-t-il des centaines de pages sur le mode destroy-performance ? Il fait mieux, plus court et moins péteux, dans Wizz et Buzz (qui, pour le coup, est franchement rigolo) à destination des marmailles, il fait mieux avec plus de *sens* dans Monsieur Feraille. Pinocchio est un album relativement vain, qui emprunte à tout le monde (Ware pour la couve, Vuillemin, Disney, Pirus et j'en passe) comme s'il s'agissait d'un Reader's digest du mauvais esprit 80's policé à la sauce 2000. Où est la création là-dedans ? Qu'est-ce qu'il apporte de plus, Win la win ?

Fallait-il récompenser Winshuss ? Peut-être qu'il le fallait pour services rendus à la nation BD : expos Ferraille, Ferraille illustré, Persépolis le film, des trucs comme ça. Mais il ne fallait pas récompenser Pinocchio, qui ressemble plus à une boursouflure de l'ego (une sorte de démonstration de savoir-faire) qu'à autre chose -par exemple à un bouquin qui aurait un propos.

jeudi 5 février 2009

La dalonnerie

A la toute fin, il neige.


Je reviens donc de cette semaine express dans le froid de la France d'en-haut, où non seulement j'ai fait les rencontres nécessaires à mon éventuel bonheur financier et artistique futur, mais surtout où j'ai retrouvé (croisé seulement, parfois) à peu près tous mes vieux dalons (en tout cas, tous ceux qui ne vivent pas à la Réunion).
(normalement, je pourrais faire une sorte de résumé détaillé, mais j'ai carrément la flemme)


Bad news for bad music for bad people


Lux Interior a finalement pris rendez-vous avec Elvis.